Jean-Marc Denoual, normand et ancien handballeur, aujourd’hui reconverti dans la télévision, actuellement en poste pour la plateforme de streaming, Narative, notamment passé par Molotov TV d’où il en a été le créateur mais aussi par TF1, a accepté de nous accorder un entretien très original, directement chez Damon Spahija, gérant du Boulevard des Champions où Jean-Marc évoquera plusieurs sujets comme sa passion pour le Hand, sa reconversion dans la télévision, ainsi que pleins d’autres sujets encore. 

 Bonjour Jean-Marc, est-ce que tu peux te présenter s’il te plait ? 

Bonjour Damon, oui alors je suis Jean-Marc Denoual, je viens d’avoir 50 ans et le temps passe !

Alors, parlons sport, pourquoi avoir pratiqué le Hand et pas un autre sport ? 

Je pratiquais deux sports très jeunes, le Hand parce que c’est mon père qui m’a mis dans ce sport, disons que je n’avais pas trop le choix mais j’ai tout de suite aimé et je pratiquais également le tennis l’été pour me maintenir en forme. On va dire le Hand en intérieur l’hiver, et le tennis en plein air l’été.

Donc tu as connu le Hand par le biais de ton père ?

Oui exactement, il était entraineur de Hand pendant très longtemps et il fut un très bon entraineur.

Ton père a baigné dans le monde du Hand tout comme son fils. Y’a t-il eu d’autres personne issues de ta famille qui ont pratiqué ce sport ? 

Oui, mon frère lui aussi a pratiqué le Hand, donc tous les 2, il y a 2 ans d’écart entre nous, il est le frère ainé et nous avions pratiqué le Hand en même temps. On était souvent dans la même équipe en jeunes puis après, chacun dans des équipes différentes.

Pas trop dur d’être le deuxième de son père ? 

Non non, alors l’avantage c’est que l’on avait 2 ans d’écart donc on a rarement joué dans la même catégorie d’âge et la même équipe. Au niveau de la compétition, on se tirait la bourre mais chacun dans des équipes différentes donc c’était plutôt sain puis on a eu la chance de faire une ou deux saisons dans la même équipe et j’étais un peu surclassé lorsque j’étais jeune donc ça, c’était très cool aussi.

Suis-tu toujours l’actualité du Hand ? As-tu gardé des attaches ou des contacts dans ce sport ?

Alors des contacts, pas trop, seulement mes anciens coéquipiers de l’entente argentanaise qui était mon premier club et quelques uns de l’US Créteil qui avaient le même âge que moi. J’ai aussi gardé contact avec un homme extraordinaire que j’ai croisé sur ma route qui est un kiné et qui a compté énormément dans ma remise en forme après une grave blessure au genou, et qui m’a remis en confiance pour faire des choses, mais sinon non, j’ai changé de domaines après ma carrière sportive de Handball mais je suis toujours l’actualité du Hand et je la regarde en tant que supporter, l’actualité du PSG forcément, l’actualité de l’équipe de France évidemment et aussi depuis peu, je vais à Cologne pour voir les finales de championnats d’Europe et je le conseille à tous les handballeurs car c’est une expérience exceptionnelle.

Tu m'as dit que tu suivais toujours l'actualité du Hand en tant que supporter. As-tu une équipe que tu supportes ou qui t'inspire particulièrement ?

Oui, le PSG même si parfois, le jeu ne me plait pas énormément, je trouve leur jeu un peu trop axé sur le physique mais sinon oui j'aime bien Montpellier, Nantes. En tout cas, disons que je regarde plus les équipes en fonction du jeu qu'ils pratiquent plutôt qu'en tant que supporter. Du coup, ce sont ces 3 équipes là que j'aime regarder jouer.

Et l'actualité du sport en général ?

Oui, toujours un petit peu donc on a arrêté de lire l'équipe mais oui je suis toujours l'actualité sportive, c'est quelque chose que j'aime bien.

Peux-tu me dire quelle était ta position sur le terrain lorsque tu étais joueur ?

Demi-centre, ma position privilégiée pour moi en tout cas c'est celle où je me suis le plus senti à l'aise et où je me suis le plus éclaté.

As-tu occupé d'autres postes durant ta carrière ?

Oui, un peu plus jeune, j'étais soit ailier gauche soit arrière gauche mais le poste de demi-centre, c'est vraiment celui que j'apprécie le plus.

Te rappelles-tu avoir vécu un souvenir marquant lorsque tu étais joueur pro, au niveau individuel ou collectif ?

Oui, quand on est jeunes et que l'on est champions de Normandie, que tu participes aux coupes de France juniors et toutes ces phases, ce sont des souvenirs exceptionnels car tu es en découverte de tout ça. Et en pro, un déplacement à Bucarest m'a vraiment marqué, à la fois pour le changement de culture mais aussi un pays qui sortait d'une crise qui était encore visible et la rudesse des roumains qui se voyait également beaucoup sur le terrain mais voilà, c'était une superbe expérience.

Peux-tu me décrire ton parcours sportif, amateur et professionnel ?

Oui, alors de manière assez classique, j'ai démarré l'école de Hand très très tôt à l'âge de 5-6 ans. J'étais entrainé par mon père vers 10-11 ans, ensuite sélection départementale, les rendez-vous inter-régionaux qui étaient pour les jeunes adolescents un évènement exceptionnel, ça durait une journée complète où toutes les équipes de tous les départements se rencontraient, il y avait les sélections régionales, inter régionales, et nationales ce qui est le chemin naturel de tous les jeunes qui progressent. Puis après me concernant, j'ai toujours eu un parcours à cheval entre les études et le sport parce qu'à la sortie de mon bac que j'ai obtenu à Argentan, on avait une équipe très dynamique en jeunes, qui était entrainée par mon père avec des titres de champions de Normandie détenus et une fois où l'on a faillit atteindre les demi-finales de la Coupe de France où l'on s'est fait sortir par Ivry, puis à l'issue de mon bac, je suis arrivé à Créteil en équipe espoirs.

Disons que tu as fait un parcours dans l'ordre ?

Oui, c'est exactement ça, un parcours dans l'ordre jusqu'à être impacté par une blessure qui était à la fois dans l'ordre sans trop d'accroches, sans trop de pépins physiques pour les autres sportifs mais moi j'en ai eu une grosse mais voilà, ça fait partie de la vie.

Alors justement, tu me parles de ta blessure, est-ce que tu te souviens à quelle période de ta vie est-elle survenue ?

Oui, je m'en rappelle très bien, c'était un match en espoirs contre Nîmes et je me rappelle très bien de la scène et de la douleur avec notamment tout ce qui suit après, alors les croisés sur le genou, tous les sportifs connaissent donc on arrive, c'est l'opération et on se dit globalement que c'est la fin de l'aventure et là, je suis tombé sur Bertrand, qui est à la fois un kiné fou et extraordinaire et en même temps sympathique qui me dit que ça peut se faire autrement et que si j'ai un peu de cran et un peu de courage, tu peux jouer sans croisés, alors ça prendra du temps avec une longue rééducation adaptée mais ça peut se tenter. Puis pour moi, jouer sans croisés, c'était ne pas se faire opérer, ne pas être indisponible entre 6 et 9 mois et puis arriver en division 1 car c'est le parcours classique que j'avais lorsque j'étais à Créteil et l'US Créteil était d'accord pour ça mais à condition que je ne me fasse pas opérer donc c'est l'option que l'on a choisie et ça a plutôt bien marché.

 As-tu une anecdote qui t'a marqué personnellement lorsque tu étais joueur ou alors dans le monde du sport en général ?

Oui, j'en ai quelques unes, lorsque l'on faisait des stages de remises en forme à l'Alpe d'Huez avec l'Olympique de Marseille et Créteil, donc on vivait avec l'équipe de Marseille, on s'affrontait parfois le soir et il faut savoir que l'équipe de Marseille à l'époque, c'était l'équipe de France et puis Créteil c'était pas mauvais non plus et ça, ce sont des souvenirs extraordinaires. Après avec Créteil, il y a forcément des souvenirs moins heureux car tout n'a pas été extraordinaire.

Pour terminer sur la partie sportive, as-tu 3 sportifs normands préférés ou qui t'inspirent ?

Bien évidemment, je ne peux pas ne pas citer Pascal Mahé, qui était cristolien et qui a à la fois apporté énormément à l'US Créteil mais aussi à l'équipe de France et qui aura beaucoup marqué le sport normand et l'histoire du Hand. Thierry Mortagne, ancien demi-centre qui m'a beaucoup marqué et que j'appréciais mais qui n'a jamais voulu quitter sa ville de falaise et qui n'a donc jamais eu la carrière qu'il aurait dû avoir. Et pour finir, Jacques Anquetil, un cycliste qui était très bon, très courageux avec un palmarès dingue.

Après ta carrière sportive, tu as complètement changé de domaines, tu es notamment passé par TF1. Peux-tu nous parler de cette expérience ?

Oui bien sûr, alors moi après avoir quitté Créteil, j'ai poursuivi mes études du côté de Caen et aussi à Falaise dans des études de traitement du signal et le numérique et après j'ai participé à une aventure extraordinaire qui était celle de TPS donc le démarrage de la télévision par satellite en tant que jeune ingénieur puis on a évolué dans ce groupe. La boite a été créée en partant de rien et au final l'aventure a été formidable et y ayant contribué, c'était vraiment stimulant. TPS était détenu par TF1, je suis donc ensuite parti chez TF1, expérience durant laquelle j'ai passé des années extraordinaires, parce que les sujets, la boite, les gens qui la constitue étaient extraordinaires, c'était vraiment une super école et on y apprend beaucoup avec beaucoup d'intelligence. En tout cas, c'est un beau parcours professionnel qui m'a plu et qui m'a laissé un peu moins de regrets pour la fin de ma carrière sportive.

Tu es également à l'origine de Molotov TV. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

Oui, donc Molotov TV, c'est la suite de mes aventures à la fois dans la télévision par satellite et côté TF1 où l'on bossait beaucoup dans l'innovation et dans la stratégie et on sentait qu'il allait se passer quelque chose dans la distribution de vidéos en général et même si TF1 est une boite extraordinaire, quand on est leader, on n'a pas forcément intérêt à préempter l'innovation, on la connait, on la traite, on l'instruit mais déclencher des sujets trop en disruption par rapport aux modèles classiques, c'est rarement dans les groupes leaders que ça se passe et donc après des discussions avec TF1, j'avais des envies d'entreprenariat et donc on a décidé que notre collaboration allait s'arrêter là et que moi j'allais essayer de développer mon projet de partenariat qui était à l'époque une sorte de Pinterest de la vidéo en tout cas c'était comme ça que je le formulais, puis les rencontres de la vie, du financement qui font que je rencontre Jean-David et Pierre Lescure que j'avais déjà rencontré préalablement lors de mes missions à TF1 et du coup on tournait autour de ce sujet de comment moderniser la distribution de la télé, donc on s'associe et on essaie d'imaginer comment pourrait être la plateforme de distribution de streaming à la télévision que l'on rêverait d'avoir donc on l'a faite et ça a été un grand succès.

Alors justement Jean-Marc, j'ai une question qui m'intrigue. Sais-tu pour quelles raisons tu as basculé du sport à la télévision ? Deux domaines totalement différents.

Alors c'est une super bonne question. Moi, j'ai fait des études dans le traitement de signal et d'images ainsi que la vidéo numérique, donc ça, ce sont des sujets qui me passionnaient, et je dirai donc que c'est le hasard de la première rencontre. TPS se monte, il cherche des gens qui maitrisent ces sujets là, qui comprenaient ce qu'était la vidéo numérique à l'époque et ça, peu de gens le savaient et comment on passe d'un signal analogique à un signal numérique, comment on code ou on décode et on va dire que j'étais sur la bonne vague au bon moment et après c'est le milieu qui m'a passionné car il y avait de nombreuses innovations technologiques, il y avait de la création de contenus, de l'intelligence à tous les niveaux et nous étions également sur des ouvertures de marchés qui étaient très stimulantes, j'aime beaucoup les aventures et les histoires et globalement, je suis moins gestionnaire qu'un développeur donc j'aime bien essayer de détecter la vague qui va arriver, de ne pas être trop tôt, ni trop tard et j'aime travailler dans un domaine qui me plait et j'ai vraiment cette chance de faire ce que j'aime donc j'en profite, en tout cas jusqu'à maintenant.

Donc avant même que tu te lances dans la télévision, initialement tu avais quelques passions dans ce domaine là ?

Oui, j'ai toujours aimé le traitement du signal, son fonctionnement, la transmission des signaux, ... C'est vraiment un environnement dans lequel j'adore évoluer.

Peux-tu me dire le nombre d'utilisateurs sur la plateforme Molotov TV ?

Quand je suis parti, nous étions à plus de 15 millions d'utilisateurs.

Et aujourd'hui, y'a t-il eu une augmentation du nombre d'utilisateurs depuis votre départ ?

Je pense qu'aujourd'hui ils doivent être à 20-22 millions d'utilisateurs, en tout cas de ce que j'ai pu lire dans la presse, puisque la plateforme a été vendue à un opérateur américain donc maintenant j'en sais uniquement grâce à la communication publique.

Es-tu toujours en contact avec Jean David Blanc et Pierre Lescure depuis l'aventure chez Molotov TV ?

Oui, absolument. Après les chemins empruntés ont été différents car Pierre Lescure lui, est resté en acting chez Molotov TV, moi de mon côté j'ai essayé de tenter une nouvelle aventure du coté de Narative et Pierre, c'est quelqu'un d'extraordinaire avec une très belle carrière, aussi attachant que stimulant intellectuellement, ... après, il a un emploi du temps très chargé qui fait que l'on ne peut pas se voir toutes les semaines mais c'est toujours un plaisir de pouvoir échanger avec lui.

Tu es maintenant à l'origine de Narative, est-ce que tu peux nous expliquer en quoi consiste cette nouvelle plateforme ?

En fait Narative, c'est l'analyse que j'avais faite en quittant Molotov TV. Ce dernier était une forme de distribution de la télé mais on voyait aussi pleins d'autres contenus émergés de l'environnement d'internet et je pressens qu'il va y avoir une vague incroyable de productions de vidéos, car on devient tous des médias de nos activités, de nos associations qu'elles soient professionnelles ou directement des passions en tout cas aujourd'hui, le format qui s'impose, c'est la vidéo. Et la production de vidéo, d'où mon passage chez TF1 me l'a fait comprendre que c'était cher car soit on achète ou on loue des studios, on achète des équipements ce qui est couteux et difficilement accessible en matière de mise en œuvre et donc je me suis demandé comment le marché allait pouvoir absorber tous ces créateurs de contenu ou tous les gens qui ont besoin de créer du contenu pour parler de leur passion très simplement. Et c'est donc à ce moment là que j'ai créé la plateforme Narative, donc pas besoin d'équipements, tout est dans le Cloud et on va utiliser le plus grand parc du monde que sont les téléphones et puis on va pouvoir tout faire depuis son téléphone. C'est comme si l'on avait un car régie pour ceux qui connaissent mais directement depuis notre téléphone et on peut créer du contenu que l'on peut diffuser en live ou en enregistré mais avec des habillages, du texte, de la vidéo ou encore lorsque l'on parle d'un sujet, on peut l'enregistrer en même temps donc voilà, tout ça se fait très facilement depuis le téléphone. Il y a les vrais enjeux technologiques que l'on va pouvoir bientôt lever et puis là, nous sommes dans la phase où l'on va commencer par déployer la plateforme un peu plus massivement.

Il est sûr que c'est beaucoup plus simple pour tous au niveau de l'utilisation, seulement un téléphone suffit pour produire tout ça alors qu'en temps normal, il aurait fallu un ordinateur. 

Exactement, par exemple pour une interview, on peut faire ça directement à partir du téléphone si jamais le sportif n'est pas disponible ou qu'il habite à l'étranger, tu peux faire un enregistrement à distance, directement depuis l'application Narative, mais là, on a la chance et le bonheur de la faire directement en physique.

Peux-tu me dire quels sont les principaux atouts de cette plateforme et quels sont les avantages qu'elle représente face à la concurrence ?

En ce qui concerne la concurrence, je dirai qu'on en a dans la production de vidéo live mais pas dans la manière dont on le fait, c'est à dire que nous, nous sommes les seuls à pouvoir faire ça depuis notre mobile donc c'est pour ça que Apple nous a identifié assez rapidement l'année dernière comme l'une des plateformes les plus innovantes du marché français parce qu'on fait tout depuis le mobile car le but est de résoudre les problèmes de technologies et en développer dans le Cloud donc des équipements qui ne vous appartiennent pas mais chez qui nous on opère et qui permettent de faire du mixing là où vous avez l'habitude en temps normal de brancher tout un tas de câbles et de mixer les choses, cette plateforme est faite pour vous et puis tout ce qui vous prend du temps habituellement sur les montages par exemple, les rushs, les derushs, etc ... ce qui nous prend quand même beaucoup de temps de travail alors qu'il ne devrait pas nous en prendre autant et donc le but de Narative est de pouvoir créer du contenu plus ou moins long, les faire en live et les monter en niveau dans l'aspect visuel et l'idée est de rapporter l'excellence de la télévision en terme de production visuelle au service des réseaux digitaux et sociaux et avec le parti pris comme quoi n'importe qui peut utiliser cette plateforme et tu n'as pas besoin de formation vidéo pour pouvoir le faire.

Peut-on espérer de nouveaux projets chez Narative durant les années à venir ?

Alors celui-là déjà je pense qu'il va m'occuper pas mal de temps ! L'idée que j'ai, c'est que ça pourrait nous emmener assez loin et je l'espère en tout cas satisfaire le plus grand nombre de créateurs vidéos. Donc pour le moment je n'ai pas encore d'autres idées, mais celle-ci devrait nous occuper pas mal de temps.

Pour terminer cet entretien Jean-Marc, aurais-tu un autre sujet en particulier que tu aurais aimé aborder ?

Dans ce cadre là, non mais je tenais à saluer l'initiative, je la trouve super sympa et j'ai hâte de découvrir les autres profils que tu as identifié et pour terminer, bravo à toi !

Entretien réalisé et mis en page par Damon Spahija. 

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