Un plaisir de pouvoir s’entretenir avec Pierrick Godey, sacré champion de France par équipe en 2019 avec son club de gymnastique. Le gymnaste normand s’est confié à nous sur ses débuts dans cette discipline, son parcours sportif, sa façon de gérer la pression et le stress en compétitions, sans oublier ses plus beaux souvenirs vécus dans ce sport. 

Bonjour Pierrick, pour commencer cet entretien, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?  

Bonjour Damon, je suis Pierrick Godey. J’ai 27 ans et je suis copywriter. Mon sport de prédilection est la gymnastique. Je suis marié à ma merveilleuse femme, Marion, qui est également gymnaste. Nous sommes les heureux parents d’un petit chat nommé Ninja et d’un beau berger australien nommé Rooky.

Suis-tu l’actualité sportive en générale ? Si oui, quels sont les sports concernés ?

Je suis principalement la gymnastique. Cela occupe une bonne partie du temps à ma femme et à moi-même. Nous sommes de fervents supporters de gym ; parfois, nous réglons nos réveils à 2h du matin pour regarder une compétition aux États-Unis jusqu’à 4h puis nous retournons nous coucher. Nous avons eu la chance d’assister à la qualification olympique des féminines à Anvers en octobre dernier. Elles ont décroché une magnifique médaille de bronze et la qualification pour les Jeux Olympiques cet été à Paris.

Pourquoi avoir choisi la gymnastique et pas un autre sport ?

À vrai dire, je ne saurais pas comment l’expliquer. J’ai toujours eu envie de pratiquer la gymnastique depuis mon plus jeune âge.

Qu’est-ce qui t’a inspiré à commencer cette discipline et à quel âge as-tu commencé ? 

J’ai commencé la gymnastique très tard, en classe de 3ème, à l’âge de 14 ans, ce qui est assez rare. Généralement, les gymnastes commencent dès leur plus jeune âge, avant leurs 6 ans, parfois à partir de 15 mois seulement. Ayant grandi dans une famille modeste, je n’avais jamais osé parler de mon envie de pratiquer la gymnastique avant mes 14 ans.

De plus, c’est un sport où les garçons sont souvent moqués. En classe de 4ème, j’ai eu l’occasion de pratiquer cette activité dans le cadre scolaire, au collège et ça a été le déclic. Il fallait absolument que j’en fasse plus. C’est à ce moment précis que j’ai trouvé le courage d’en parler à ma maman pour commencer à la rentrée suivante.

As-tu pratiqué d’autres sports lorsque tu étais plus jeune ? 

J’ai pratiqué le roller en skate-park, une activité que j’ai également découverte grâce à l’école. J’ai aussi fait partie de la section sportive natation sauvetage en mer au sein de mon lycée. J’avais un emploi du temps aménagé pour finir les cours plus tôt le lundi et le vendredi pour aller nager. J’étais encadré par les professeurs de sport. Je souhaite d’ailleurs les remercier puisque grâce à eux, j’ai découvert la natation et j’ai pu passer des examens pour devenir sauveteur sur les plages. J’ai également eu la chance de faire partie des sélectionnés au sein de la section pour disputer les championnats de France UNSS de sauvetage en mer à Dinard en 2015. J’ai décroché une belle troisième place au Beach flag, l’une des épreuves malgré une luxation du genou au début de celle-ci.

Quels sont les aspects les plus difficiles de l’entraînement en gymnastique et comment les surmontes tu ?

Les aspects les plus difficiles sont, selon moi, la musculation et ma blessure à l’épaule.

La musculation car je déteste ça et que je n’ai pas de limite. La première fois que je suis arrivé dans mon club actuel, je m’étais tellement mis la pression parce que mon entraîneur est double olympien que j’y suis allé trop fort. Je me suis retrouvé à vomir non pas une mais douze fois durant la séance.

Ma blessure à l’épaule a été un moment extrêmement difficile pour moi. Après une chute à la barre fixe, j’ai eu des douleurs tellement atroces que je ne pouvais plus bouger mon bras ni l’utiliser pendant deux très longues années. Pourtant, rien n’apparaissait à l’imagerie médicale. J’ai eu la chance d’avoir au sein de mon club, un super staff médical qui m’a beaucoup aidé. J’ai rencontré quatre chirurgiens différents qui ne voulaient pas m’opérer parce qu’ils trouvaient cela trop risqué à cause d’une maladie génétique dont je suis porteur. Mais au bout de deux ans, j’ai trouvé un chirurgien et une anesthésiste exceptionnels à Paris ! La décision a été prise d’opérer sur un minuscule résidu de blessure restant depuis longtemps, et ils ont finalement découvert une épaule en piteux état. L’opération devait durer 30 minutes mais elle a finalement duré 1h30. Depuis, j’ai eu une guérison « miraculeuse » comme disent les médecins. Je devais juste ne plus avoir mal et récupérer une infime partie de mes fonctions motrices. Finalement, j’ai récupéré en seulement une semaine mon amplitude articulaire, là où certains mettent un an, voire plusieurs années, voire jamais.

Quel a été le moment le plus mémorable de ta carrière en gymnastique jusqu’à présent ?

Le moment le plus mémorable est définitivement celui d’avoir remporté, en 2019, le titre de champions de France par équipe en national B. C’est un moment inoubliable surtout qu’il s’agissait de ma première année en compétition.

Comment gères tu la pression des compétitions et quels sont tes rituels avant de monter sur le praticable ? 

Je gère très mal la pression en compétition. Il faudrait que je suive un accompagnement de préparation mentale. Ma femme a eu l’occasion de le faire et ça a complètement changé sa vision des compétitions mais aussi des entraînements, la différence est dingue. Mon petit rituel est de mimer mon mouvement sur le praticable avant la fin de l’échauffement pour ne pas me perdre dans les directions. Je suis un gymnaste très toqué.

Quels sont les sacrifices que tu as dû faire pour atteindre le niveau de champions de France par équipe en gymnastique ?

J’ai eu la chance de ne pas avoir eu trop de sacrifices à faire. En tout cas, ce n’est pas la sensation que j’ai eue cette année-là. En gymnastique, on fait plusieurs heures d’entraînement par semaine. Par exemple, cette année est un peu allégée puisque je n’ai repris qu’en mars mais je m’entraîne en moyenne une dizaine d’heures par semaine, soit entre 4 et 5 entraînements.

Quelles sont tes aspirations futures dans le domaine de la gymnastique et quels sont tes objectifs à long terme ?

Mes aspirations pour l’année prochaine sont de pouvoir concourir en National A en individuel. Il s’agit de la catégorie juste avant le niveau élite. Je dois avouer que cela demandera énormément de travail car je n’ai actuellement pas le niveau pour cette catégorie. Je ne pratique que 3 agrès sur les 6 en gymnastique artistique masculine : le saut, le sol et la barre fixe. La seule catégorie qui autorise les gymnastes à ne pas concourir sur tous les agrès est le National A. À long terme, j’espère pouvoir continuer la gymnastique longtemps. C’est un objectif en soi car la gym est un sport très traumatique. Avec l’âge viennent les bobos un peu partout, ce qui rend la pratique difficile. Beaucoup de gymnastes arrêtent à cause des douleurs que ce sport peut engendrer, mais ça reste un sport magnifique !

Quels seraient les meilleurs conseils que tu pourrais donner à de jeunes gymnastes qui souhaiteraient décrocher un titre de champion de France comme toi ? 
Je dirais de persévérer ! S’ils sont motivés et qu’ils persévèrent, tout est possible ! Il ne faut pas écouter les détracteurs qui vont vous ralentir ou vous traîner dans la boue. Ayez confiance en vous et en vos capacités ! Il est hyper important de ne pas se fixer de limite car une fois qu’on en approche, notre pratique n’évolue plus. Il faut savoir viser le soleil pour atteindre la lune.

Quel rôle joue ton équipe d’entraîneurs dans ton succès en gymnastique ?

Sans eux, en tant que gymnaste, littéralement je ne suis rien ! Ce sont eux qui sont présents dans les moments difficiles lors de la pratique et qui nous poussent à dépasser les barrières mentales que nous nous sommes fixées.

Suis-tu une alimentation particulière en tant que gymnaste ?

Alors là, pas du tout ! Vous pouvez demander à ma femme, je suis incapable de tenir un régime particulier. Si je commence à faire attention à ce que je mange, je ne mange quasiment plus rien pendant 2-3 jours puis je finis par manger le triple de ce que je mangeais habituellement lors du 4ème jour.

En dehors de la gymnastique, quels sont tes passe-temps ou tes centres d’intérêt préférés ?  

Mes passe-temps sont divers et variés. Cela passe par les balades en forêt avec mon chien tous les jours, les voyages à l’étranger avec ma femme mais aussi regarder tous les dimanches ou lundis au plus tard, mes mangas favoris qui sortent toutes les semaines au Japon.

Quel est ton plus grand rêve ?

Mon plus grand rêve dans ma pratique, ce qui parait complètement fou, serait de réussir à avoir un niveau Top 12 au sol, ce qui correspond à deux catégories au-dessus de la mienne aujourd’hui, autrement dit un gouffre ! Encore une fois, il faut savoir viser le soleil pour atteindre la lune.

Pour clôturer cet entretien, as-tu un ou plusieurs sportifs de haut niveau, toutes disciplines confondues, qui sont des modèles, des inspirations ou des exemples à suivre pour toi ?  

J’essaie de ne pas me comparer aux autres parce que chacun a ses propres difficultés, facilités, son passif et son actif qui diffèrent. Mais si je devais citer quelqu’un, je dirais Samir Aït Saïd pour sa résilience !

Entretien réalisé et mis en page par Damon Spahija. 

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